Depuis des décennies, l’homme s’est souvent cru l’espèce la plus intelligente de la planète. Pourtant, les observations scientifiques des dernières années ne cessent de prouver que l’intelligence animale est bien plus complexe et impressionnante que nous l’imaginons. Des expériences menées sur des rats, des dauphins, des chiens, des éléphants, ou encore des fourmis, révèlent un monde d’astuces, d’altruisme et même de ruses spectaculaires. Prenons un instant pour explorer ces histoires incroyables qui nous obligent à revoir nos idées reçues.
L’expérience des rats : Libérer Michel ou… le chocolat ?
Commençons par Michel et Bernard, deux rats ayant participé à une expérience surprenante. Michel, enfermé dans une cage transparente, n’avait aucune chance de s’en sortir seul. À l’extérieur, Bernard observait. Après plusieurs jours d’essais et de réflexion, Bernard a finalement compris comment libérer Michel. Mais pourquoi l’a-t-il fait ?
Les scientifiques ont mené l’expérience plus loin. Avec une cage vide ou un simple objet inanimé, Bernard restait immobile, totalement désintéressé. Mais dès qu’un autre rat – Michel – était piégé, il cherchait inlassablement à le libérer. Une preuve frappante d’empathie ? Peut-être.
L’expérience s’est corsée : libérer Michel ou du chocolat dans une autre cage. Que ferait Bernard face à ce dilemme ? Sans hésitation, il ouvrait les deux cages. Parfois Michel en premier, parfois le chocolat, mais dans tous les cas, il attendait Michel pour partager la récompense. Une solidarité naturelle que l’on ne prête pas souvent aux rongeurs.
Dauphins : Des génies aquatiques avec un sens des affaires aiguisé
Parlons du sens des affaires des dauphins.
On le sait, les dauphins sont dotés d’intelligence et très malins. Certains d’entre eux, par exemple, étudiés au Bahamas, sont capables de laisser leurs petits en nourrice aux humains qui les étudient pendant plusieurs dizaines de minutes. Alors bon, ils se connaissent bien entre les dauphins et les chercheurs. Ça fait plusieurs années qu’ils les étudient. Mais quand même, c’est assez dingue de développer cette confiance envers une autre espèce.
À l’Institute for Marine Mammal Studies qui se trouve au Mississippi, des dauphins ont prouvé qu’ils ont un gros sens des affaires de ouf. Quand des déchets sont apportés par le vent dans le bassin des dauphins, les dresseurs travaillent avec les dauphins pour faire le nettoyage. Pour un déchet, quelle que soit sa taille, que le dauphin ramène aux dresseurs, le mammiphère reçoit un poisson en récompense.
Une femelle dauphin, qui s’appelle Kelly, a très bien compris le système. Elle s’est alors mise à faire une réserve de déchets planquée sous un poids au fond de l’eau. Et dès qu’un dresseur passait, elle arrachait un petit bout de sa réserve de déchets et elle l’amenait au dresseur qui lui donnait un poisson.
Mais ça ne s’arrête pas là. Kelly a compris autre chose d’un peu plus problématique au final. À chaque fois qu’il y avait un oiseau qui tombait par accident dans le bassin, elle le ramenait au dresseur comme un déchet. Et elle avait le droit à plusieurs poissons d’un coup. Et là, Kelly, elle s’est dit, il y a un truc à faire. Il y a un coup à jouer.
Kelly a alors échangé un déchet de sa réserve contre un poisson qu’elle n’a pas mangé et qu’elle a gardé dans le bassin pour appâter une mouette. La mouette s’approchait Kelly chopait la mouette pour la porter au dresseur. Comme ça, elle gagnait plein de poissons en retour.
Les mouettes, elles, par contre, pas très malines. Apparemment, elles n’ont jamais compris le danger.
Les orques : Quand hospitalité et intelligence se rencontrent
Parlons maintenant des orques. Le grand public connaît bien les orques, notamment et surtout malheureusement, en raison de leur présence dans certains parcs animaliers. Ça tend à disparaître et tant mieux.
On sait aussi que plusieurs dresseurs de ces parcs ont déjà été attaqués par ces mammifères marins. Certains allant jusqu’à perdre la vie, comme Dawn Brancheau, qui était dresseuse au Parc Seaworld en Floride, qui s’est fait tuer à la fin d’une représentation en public par une orque dont elle s’occupait depuis 16 ans. Et ce n’est pas pour rien qu’on les appelle aussi les baleines tueuses. Ce n’est pas un animal de compagnie.
Mais certains de ces animaux sont plus courtois que d’autres. Surtout quand ils sont dans leur milieu naturel, en liberté, endroit où ils n’attaquent pas du tout les hommes, Alexandra Morton, une scientifique qui travaillait auprès d’un groupe d’orques en liberté, a justement pu observer leur hospitalité alors qu’elle était sur l’eau, dans une petite embarcation, qui était plongée dans le brouillard. Alexandra était à la limite de se perdre en haute mer. Pas très rassurée, elle se demandait comment elle allait rentrer. Quand les orques sont arrivées et se sont regroupées autour du bateau. Elle, s’est fiée à son instinct et à la relation qu’elle avait tissée avec les animaux et les a suivis.
Elle a pu retrouver la côte une vingtaine de minutes plus tard, directement. Le groupe d’orques est ensuite retourné à ses affaires, une fois qu’Alexandra était en sécurité.
Les chiens : Des détecteurs de maladies à quatre pattes
Vous êtes peut-être déjà passé dans un aéroport où des chiens reniflaient vos bagages, pour être sûr que vous n’aviez pas avec vous de la drogue ou des explosifs. Certains détectent même des séismes ou encore des fuites de gaz. En 2019, une étude américaine a dévoilé que les chiens pouvaient également être efficaces dans la détection de cancers. Incroyable quand même, il y a des beagles qui ont été entraînés à renifler les échantillons sanguins et à faire la différence entre ceux qui étaient normaux et ceux issus d’un patient atteint d’un cancer.
En fait, il y a un manque d’odeur des cellules, quand il y a des cellules cancérigènes. Et c’est ça que les chiens détectent. Les chiens ont par la suite réussi à identifier les échantillons de patients touchés par le cancer, dans 96,7% des cas.
Alors l’idée n’est pas nouvelle, parce que déjà en 1989, une femme était allée voir son dermatologue en lui disant que son chien n’arrêtait pas de lui renifler l’un de ses grains de beauté, qui s’est avéré être cancéreux. Il y a de nombreuses autres anecdotes du même genre.
En Allemagne, il y a des chiens qui ont carrément réussi à détecter des cancers du poumon directement depuis l’haleine des patients. En France, les chiens ont trouvé des cancers de la prostate via l’urine des patients. Bref, ça n’arrête pas.
Les éléphants : Une mémoire incroyable et des émotions profondes
L’expression avoir une mémoire d’éléphant, n’est pas tirée de nulle part. Les éléphants ont une excellente mémoire, mais sont également extrêmement intelligents. Et ça, on n’en parle pas assez.
Les éléphants vivent dans des sociétés matriarcales complexes, donc gérées par la mère, et sont notamment capables de saisir la hiérarchie humaine et de la comprendre. On sait que la joie est très présente dans leur palette d’émotions, mais le deuil pourrait également en faire partie, comme nous montre cette histoire.
Quand un directeur de refuge d’éléphants est décédé en 2012, une douzaine d’éléphants a traversé la réserve pour venir passer deux jours à côté de son habitation. Ça représente vraiment un deuil. Pourtant, leur relation n’était pas partie du bon pied, puisque le clan de neuf éléphants, dont Laurence Anthony s’était occupé au départ, était très méfiant envers les hommes. Nana, la matriarche éléphante, faisait tomber les clôtures pour permettre aux chiens de ne pas être retenus dans la réserve.
Et la technique de Laurence fut alors d’oublier les clôtures et de tenter de faire comprendre à Nana qu’en fait, elle serait bien dans cet endroit et qu’ils étaient en sécurité. Il allait y vivre avec eux plusieurs jours. Il les a nourris, il leur a parlé. Et il a eu pas trop raison, parce que ça n’a pas du tout fonctionné. Mais un jour, une jeune éléphante dont la famille a été décimée, lui a été remise. Nana a répondu à l’appel de Laurence et est venue réconforter la nouvelle arrivante. Une fois que Nana et son clan ont été rassurés, ils sont restés dans la réserve de Laurence, qui les a laissés tranquilles. Parce que c’était le but, c’est pas un zoo.
Le 2 mars 2012, Laurence est mort d’une crise cardiaque. Il avait 61 ans. Pendant les funérailles, Nana et son clan sont arrivés devant la maison. Et d’après la famille, ça faisait un an et demi qu’ils n’étaient pas venus jusque là. Ils auraient pu mettre plusieurs heures pour arriver jusque là.
Est-ce que c’était un deuil ? Est-ce que c’était une coïncidence ? Comment ils ont pu anticiper les funérailles ?
Plus d’infos sur cette histoire ici
Les fourmis : L’intelligence collective poussée à son paroxysme
Les fourmis sont si intelligentes en intelligence collective qu’elles ont réussi à coloniser l’ensemble de la planète. Des régions les plus chaudes aux régions les plus froides. Elles ont traversé le temps et tous les problèmes. Elles n’ont peur de rien. Quel est le principal facteur qui leur a permis cet exploit ?
C’est l’altruisme. Les fourmis vivent POUR la communauté. Pas EN communauté, mais bien POUR la communauté. C’est quand même une grande différence avec nous. Nous, on vit EN communauté. Il existe d’ailleurs des fourmis policières qui ont pour job d’éloigner les fourmis qui ont un comportement inapproprié, inadapté à la vie en société. Il arrive même que certaines d’entre elles soient exécutées.
Chez certaines espèces, des fourmis ont pour tâche de faire pousser des champignons pour nourrir leurs nombreuses congénères. D’autres élèvent des pucerons pour la consommation de leur miellat et pour ensuite le manger. Et en échange, elles protègent les pucerons des coccinelles. Ce qu’elles font avec les pucerons, c’est exactement ce que nous faisons avec les vaches. On leur prend leur lait, et on les tue ensuite pour manger leur viande. Bon, sauf qu’on ne les protège pas d’un danger. Pour les vaches, c’est plutôt nous le danger.
Mais il y a plein d’autres exemples qui existent. Les fourmis tisserandes qui forment des passerelles avec leur corps pour permettre au groupe de passer d’une branche à l’autre ou de traverser une rivière par exemple. S’il y a un trou à passer, c’est celle dont la taille correspond le plus à celui du trou qui va s’y mettre pour le combler. Elles se sacrifient pour la communauté et pour traverser les cours d’eau. Elles créent carrément des radeaux entiers avec leur corps. Si seulement certains humains pouvaient prendre exemple sur elles.
Bon, en même temps, je n’ai pas envie de faire du rafting sur le corps de quelqu’un. Les animaux vont toujours nous étonner. Ils ont une intelligence incroyable.
Une intelligence animale qui force l’humilité
Depuis une cinquantaine d’années, la vision de l’intelligence animale a évolué avec la découverte de la pensée sans langage. Nous, on est tous en colocation sur Terre. Si en plus, on arrivait à prendre en compte l’intelligence de tous les êtres qui y vivent, on ferait quand même un grand pas en avant.