Le report de l’élection présidentielle du 25 février 2024 a plongé le Sénégal dans une crise politique profonde. Macky Sall, qui avait justifié sa décision par la nécessité d’organiser un scrutin inclusif, démocratique et libre, est désormais sous pression.
2 juin, la date du dialogue national
Malgré l’annulation par le Conseil constitutionnel, du décret portant abrogation de la convocation du corps électoral, la tenue d’une nouvelle élection avant l’expiration du mandat en cours reste un challenge dans un contexte politique hyper polarisé.
Réunis à Diamniadio, près de 30 km de Dakar, la capitale du Sénégal, les participants au dialogue national ont proposé la date du 2 juin pour tenir le scrutin. Cette proposition est déjà rejetée par 17 des 19 candidats en lice pour cette élection.
Ces derniers exigent une élection avant le 2 avril, date d’expiration du mandat de Macky Sall. Une mission quasi impossible au vu de la logistique qu’implique l’organisation d’une élection. Mais pour Macky Sall, il n’est pas question d’aller au-delà de son mandat constitutionnel.
« Le Dialogue national a proposé le 2 juin 2024 comme nouvelle date des élections présidentielles au Sénégal. Je remercie les forces vives pour ces assises. Toutefois, je tiens à préciser que je quitterai mes fonctions au terme de mon mandat le 2 avril, comme je l’ai déjà indiqué. La date de mon départ reste absolument ferme », a-t-il assuré ce 29 février sur le réseau social X (ex-Twitter).
Le Dialogue national a proposé le 2 juin 2024 comme nouvelle date des élections présidentielles au Sénégal. Je remercie les forces vives pour ces assises. Toutefois je tiens à préciser que je quitterai mes fonctions au terme de mon mandat le 2 avril, comme je l’ai déjà indiqué.…
— Macky Sall (@Macky_Sall) February 29, 2024
Vers une vacance de pouvoir
À cette allure, le Sénégal court tout droit vers une vacance de pouvoir. Un scénario inédit dans l’histoire politique de ce pays ouest-africain réputé pour son modèle démocratique. En cas de départ de Macky Sall le 2 avril à minuit, il reviendrait au Conseil constitutionnel de constater la vacance de pouvoir et de désigner le président de l’Assemblée nationale à assurer les plus hautes fonctions étatiques pour trois mois, avec à la clé, l’organisation de nouvelles élections.
Et là encore, c’est ce que redoute l’opposition. Avec ce schéma, le processus électoral sera remis à zéro et le camp présidentiel aura plus de temps pour mieux s’organiser après un début de campagne catastrophique de son candidat, le Premier ministre Amadou Ba.
Quid du cas Karim Wade
Depuis le Doha où il s’est réfugié depuis sa sortie de prison, le fils d’Abdoulaye Wade croit toujours à son destin présidentiel. Recalé pour double nationalité, l’ancien ministre d’État dénonce une machination visant à l’écarter de la course à la magistrature suprême. Karim Wade accuse également le Conseil constitutionnel d’être corrompu par le candidat du parti au pouvoir pour faire barrage à sa candidature.
Beaucoup trop de couacs à régler d’ici le 2 avril. Ce qui est certain, les Sénégalais se réveilleront le 3 avril sans président de la République élu. Une scène inédite dans l’histoire politique du pays de Léopold Sédar Senghor.